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La précarité des agriculteurs- Ecoute

Si ça vous dit d’écouter un échange sur la précarité dans l’agriculture :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-20-juin-2023-6511020

Marie Andrée Besson co-présidente de l’association Solidarité Paysans
Hélène maraichère bio en Occitanie
Emilie Massemin journaliste à Reporterre
François-Xavier Merrien, sociologue et auteur d’une étude consacrée à la pauvreté chez les agriculteurs du Gers publiée en décembre 2021

A lire dans Reporterre : Agriculteurs au RSA : la béquille d’une profession en crise

Ecrasés par les charges, croulant souvent sous les dettes et parfois contraints de vendre à perte, les paysans sont soumis à une pression et un stress énormes, qui ne cessent d’augmenter. En partenariat avec Reporterre.

Dans le système de production agricole actuel, nombreux sont les agriculteurs qui rencontrent de graves difficultés financières. Si les revenus sont faibles, les charges sont importantes : il faut nourrir les bêtes, acheter du matériel, investir pour se conformer aux normes sanitaires et sociales, toujours plus nombreuses et contraignantes

Alors qu’ils peinent à dégager un revenu suffisant pour vivre, ils sont nombreux à survivre grâce au RSA.
C’est ce que révèle Emilie Massemin dans l’article qu’elle signe pour Reporterre.
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En décembre 2022, 11 137 exploitants agricoles percevaient le RSA socle – dédié aux foyers ne dégageant aucun revenu d’activité – et 39 035 touchaient la prime d’activité, selon les chiffres transmis à Reporterre par la Mutualité sociale agricole (MSA).

Qui sont les agriculteurs en difficulté ? Comment en est-on arrivés là ?

Dans un contexte où la population d’agriculteurs est vieillissante il est urgent de s’interroger sur les limites d’un système qui épuise les hommes et la terre….
Une situation accentuée par le réchauffement climatique

Selon des chiffres récents, environ 20 % des agricultrices et agriculteurs en France vivraient aujourd’hui sous le seuil de pauvreté et parmi eux, 11 000 exploitants percevraient le RSA dans le système de production actuel. Nombreux sont les paysans qui rencontrent de graves difficultés financières entre les charges, les dettes et les ventes à perte.

Une situation accentuée par les bouleversements climatiques qui, du jour au lendemain, peuvent anéantir des exploitations entières dans un contexte où la population de paysans est vieillissante. Comment attirer une nouvelle génération lorsque le métier ne permet souvent plus de vivre ? Nos confrères de Reporterre publie un article sur les agriculteurs au RSA. Pourquoi il y a aujourd’hui autant de précarité dans cette profession ?

Dans le Jura, Marie Andrée Besson était productrice de lait à Comté, elle a pris sa retraite en 2016, c’est son fils qui a repris l’exploitation d’une trentaine de vaches laitières : « Commencer une exploitation de nos jours, c’est très compliqué. Il y a un contexte qui n’est pas du tout favorable à l’installation. J’ai été heureuse dans mon métier, car on l’a fait avec des convictions et une certaine envie de vivre dignement, mais aussi d’avoir le temps de vivre. On avait une conception qui est parfois difficile à tenir aujourd’hui. Mon fils était motivé à reprendre l’exploitation, car elle est moyenne, il s’en sort très bien, car il n’est pas rentré dans l’engrenage de l’endettement. »
À réécouter : Comment faire vivre mieux les agriculteurs ?
Les programmes au banc d’essai
1 min
Entre 200 et 250 euros par mois de revenu pur lié à l’exploitation

Hélène, elle, est maraîchère en Occitanie, elle fait partie de la nouvelle génération d’agriculteurs : « Je voulais revenir à l’essentiel et faire un métier qui se veut nourricier de nos projets, avec des valeurs d’altruisme et d’humanité. C’est une manière d’habiter la Terre. Quand ensuite, on s’installe, et qu’on découvre la réalité et notamment la perte des savoir-faire et d’autonomie, c’est là où on se dit qu’heureusement que c’était basé sur des rêves. » Elle gagne entre 200 et 250 euros de revenu pur de son exploitation par mois, le reste, c’est le RSA, et elle est loin d’être la seule.
20 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté

Selon Reporterre, en France, 11 000 non-salariés agaricales, c’est-à-dire les chefs d’exploitation, aides familiales et conjoints-collaborateurs sont au RSA, et près de 50 000 perçoivent la prime d’activité. Selon une évaluation, les agriculteurs précaires ne seraient que 50 à 60 % des agriculteurs et n’ont pas recours au RSA alors qu’ils pourraient le demander. Le pire étant le secteur de l’élevage bovin de viande où les agriculteurs touchent en moyenne 11 340 euros par an.

Pour Marie Andrée Bresson, co-présidente de l’association Solidarité Paysans, ces chiffres montrent également de grosses disparités : « On parle ici de RSA, mais l’agriculture conventionnelle est également fortement subventionnée. Sans les aides PAC, il y aurait beaucoup plus d’agriculteurs qui auraient accès au RSA. C’est la seule profession en agriculture qui ne fixe pas le prix de ces produits. Le paysan est la variable d’ajustement par rapport à un modèle de développement agro-industriel. »

François-Xavier Merrien, sociologue, a rencontré des agriculteurs dans le Gers qui ne dégagent aucun revenu de leurs exploitations : « Vous avez en réalité plusieurs catégories ; celle des micro-agriculteurs comme les maraîchers qui ont souvent de très petites exploitations, parmi lesquelles on va trouver un nombre incroyable de personnes au RSA. Dans le Gers, c’est environ trois exploitations sur cinq. Dans l’échantillon de personnes que j’ai pu rencontrer, leur chiffre d’affaires oscille entre 3 000 et 3 500 euros par an, ceux qui sont le plus touché, ce sont les micro-agriculteurs, les agriculteurs conventionnels gagnent plus d’argent, mais ils sont lourdement endettés. »
À lire aussi : "Le modèle agricole actuel est très problématique" : l’Inde au défi de nourrir la première population mondiale

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-20-juin-2023-6511020

Publié le jeudi 22 juin 2023, par La Marmite.