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[L’Atelier Paysan] Interview de Clément Jeauffrinau, paysan arboriculteur avec Clémence Monvoisin à Questembert

Interview de Clément Jeauffrinau, paysan arboriculteur avec sa compagne Clémence Monvoisin à Questembert, dans le Morbihan.
Propos recueillis par Pierre Guéret, formateur de l’Atelier paysan le 29 avril 2022

Déjà deux ans d’écoulés depuis ta venue en formation « S’installer avec l’approche collective des technologies paysannes » (2020), peux-tu nous raconter ce que tu as fait depuis la fin de cette formation ?

Juste après ma sortie de formation, nous avons créé une structure qui s’appelle ‘’le verger de mon voisin’’. On fêtera nos deux ans le premier mai qui vient. On a acheté cette maison avec des terres. On est parti de prairie, avec l’objectif de monter une ferme fruitière en agriculture biologique. On a déjà planté 3 200 pommiers, 600 poiriers et 2000 fraisiers. À terme, on aura 4 000 fraisiers, des myrtilles, des framboisiers, des cassissiers, des groseilliers, de la rhubarbe, et il y aura des petites surprises à venir dans les prochaines années.
C’était pour nous une grosse installation parce qu’il n’y avait rien. Il a fallu tout faire donc à la fois créer l’entreprise, maîtriser l’outil agricole, maîtriser les plantations, l’irrigation. C’est tout un travail sur l’autonomie, à la fois apprendre par soi-même, mais aussi apprendre avec les autres. C’est ça qui était cool, on a un carnet d’adresses et de contacts assez important qui se remplit tous les jours, cela nous permet de ne pas toujours appeler la même personne.

Peux-tu nous dire ce que la formation de l’Atelier paysan t’a apportée ?

Plein de choses ! Déjà c’était une rencontre avec d’autres porteurs et porteuses de projets, plein d’échanges autour de l’installation car on n’était pas tous au même niveau, on n’était que quelques-uns à vraiment avoir de la terre et à s’installer dans la foulée. Certaines et certains n’en étaient encore qu’au stade de projet.
La formation m’a aussi permis de me dire, ‘’je suis capable de vraiment plein de choses’’ ! Travailler le métal, je suis capable de faire de la mécanique sur un tracteur même si je ne maîtrise pas encore totalement le sujet, mais j’ose davantage me lancer dans l’inconnu pour bricoler. Je dépends moins de techniciens extérieurs à la ferme.
J’ai également gardé des contacts avec d’autres stagiaires, ils peuvent passer à la maison, c’est toujours un plaisir de les recevoir.
J’ai pu découvrir d’autres fermes dans le secteur pendant les visites organisées, ça permet de s’inspirer de modèles différents, d’imaginer la meilleure façon de travailler chez soi, que ça soit sur des questions d’ergonomie, de travail du sol, la gestion du parc matériel.
C’était trop court, hyper intense, je suis sorti de là, j’étais crevé, mais j’étais vraiment content de la faire, c’était le bon timing, parfait pour moi en fait ! Aujourd’hui ça ne serait même pas la peine d’y penser vu mon emploi du temps...

Auprès de quel public tu conseillerais cette formation ?

Les porteurs et porteuses de projets, ça c’est sûr, c’est une formation pour eux, parce que j’étais dans ce cas-là, des gens qui ont déjà une idée de ce qu’ils veulent faire, mais qui ne savent pas trop par où commencer. J’ai construit mes outils, je les ai utilisés directement en sortie de formation, je les ai même déjà modifiés pour certains !

Tu dis souvent ‘’on’’, vous êtes deux sur la ferme ?

Oui, je suis conjoint collaborateur, c’est Clémence qui est installée à titre principal.

Est-ce que ce n’est pas gênant qu’un seul de vous deux ait fait la formation à l’atelier paysan ?

À la base, on voulait la faire tous les deux, ça aurait été vraiment top, mais le calendrier qu’on s’était fixé ne pouvait pas le permettre. On avait plein d’autres choses à gérer en même temps. En plus, Clémence avait déjà un diplôme agricole, elle avait déjà fait pas mal de visites de ferme, moi pas. Elle avait plus pris le temps d’analyser le projet et du coup le choix a été fait que ce soit moi qui fasse la formation.
J’ai eu de la chance de pouvoir faire cette formation, quand je vois où on en est aujourd’hui, je lui dois beaucoup !

Publié le jeudi 19 mai 2022, par La Marmite.