Rencontre
Retour sur la rencontre avec Lucie, de l’association Pivoine
Pivoine est une sœur "jumelle" de la Marmite, qui œuvre dans la Creuse. Lucie, salariée de cette association a passé deux jours chez nous. Retour sur cette rencontre.
Rencontre avec Pivoine en Juin 2012 :
De l’accompagnement de projet à la transition sociale, un miroir trop déformant pour la Marmite ?
Lucie, l’une des salariées de Pivoine, a passé 2 jours chez nous, le temps d’une après-midi de formation sur « L’accompagnement et le réseau de tuteurs » et d’un café installation dont le thème était tout simplement la rencontre Marmite / Pivoine autour du thème « De l’accompagnement de projet à la transition sociale ».
Jusqu’ici, nous citions souvent Pivoine comme une asso « jumelle » de la Marmite dans la creuse, sur le plateau des Millevaches. En effet elle développait des activités très similaires d’accompagnement de porteurs de projets. Mais ce temps semble révolu, pour différentes raisons que Lucie a pris le temps d’expliquer lors du Café-installation.
Créée autour de valeurs comme l’éducation populaire et l’autonomie des personnes, Pivoine a eu la sensation peu à peu d’être aspirée par la logique des cadres d’accompagnement, des institutions, et des installations de porteurs de projets qui oublient de parler des valeurs de leur projet. Les pratiques quotidiennes au sein de l’asso, comme par exemple le repartage entre salariées de toutes les subventions à l’emploi, sont vite mises en contradiction avec les nécessités administratives et sociales de l’accompagnement.
L’asso effectue alors le tour de force d’organiser 3 mois de pause totale (de janvier à mars dernier) en prévenant tous ses partenaires, et se met à plancher sur son avenir.
Elle aboutit à un recentrage sur la base du triptyque : autonomie matériel, éducation populaire et lutte anti-capitaliste. Elle abandonne l’accompagnement de porteurs de projet, et fait ce qu’elle aime faire comme de la formation « éduc pop » (comparable au Pavé) ou des rencontres « 3 jours autour... », autour de thèmes tels que l’économie, l’école, la souffrance psychique.
Lucie a bien mis 45 minutes à nous expliquer tout cela lors du café installation, en l’agrémentant d’exemples truculents et d’exhortation à ne plus se fier aux schémas habituels de pensée et de fonctionnement dans nos assos...
Et Charly et moi, et ben on était sensé animer cette soirée de rencontre, mais il me semblait bien entendre 2 types de réactions muettes chez les marmitons :
« Ils/elles se coupent des porteurs de projets, des institutions, du système, comment faire avancer un territoire et garder une capacité de dialogue avec une telle radicalité ??? »
ou bien :
« Ils/elles vont au bout des sujets, ils/elles prennent le temps de savoir ou ils/elles veulent aller, et ça les mènent vers une sacré radicalité... intéressant ! »
Alors bien sûr qu’il est un peu dur pour les marmitons de voir cette asso « jumelle » abandonner l’accompagnement de porteurs de projet pour des raisons idéologiques... Et c’est sûr que, de notre côté, nous y croyons vraiment fort. Une grande différence entre Pivoine et la Marmite est que la première est une asso de salariés, et nous sommes une asso de bénévoles qui embauchent des salariés. Mais combien d’entre nous, bénévoles de la Marmite, serions capable idéologiquement de supporter le travail de salarié dans ses volets de suivi institutionnel, ou administratif ? Les cadres de fonctionnement que nous impose le système (subvention, droits à la formation, comités de pilotage en tous genres, règles d’accès à la terre,...) sont-ils normaux ? acceptables ? Supportables ?
Et ben on en recause un ces quat’ ?
Eric,
membre actif de la Marmite
Publié le jeudi 17 octobre 2019, par .